La ronde des fruits
Historique :
Le lieu : Jean-luc s'est installé sur la ferme en 1998 (labellisée bio cette année-là) ; c'est une propriété en pleine campagne, au lieu-dit Les Noyers à la Membrolle sur longuenée, avec de belles et grandes dépendances. Jean-luc revend une partie de ces dépendances à des amis qui les rénovent en habitations, et ainsi le lieu est devenu plus vivant avec 3 maisons au lieu d'une.
Pendant les 10 premières années, Jean-luc n'exploite que 4 hectares sur 15 (dont 1,5 de fruits rouges, 1,5 d'autres fruits). Il transforme ses fruits en confitures, gelées, sirops, vinaigres... qu'il écoule via le réseau Biocoop sur toute la France.
Comme il devient difficile avec ce système d'avoir un revenu correct, Jean-luc décide en 2007/2008 de recentrer ses ventes localement et de développer la vente « à cueillir sur place ».
Travailler seul sur l'exploitation devient compliqué... C'est alors que Jean-luc fait la connaissance de Mickaël qui cherche à s'installer. Mickaël entame donc une formation d'un an et fait son stage chez Jean-luc.Ils étudient ensemble la possibilité de s'associer.
Parallèlement, Jean-luc découvre le système AMAP, récent sur le département. Il contacte alors notre AMAP des 3 sols en tant que producteur, et lance l'AMAP des Voisins de Panier sur sa commune. Pour que cette AMAP ait des légumes, il loue 4 hectares de son exploitation à Nicolas, jeune maraîcher, lui permettant ainsi de s'installer directement en bio.
C'est également à cette période que Jean-luc installe un atelier de poules pondeuses dans le verger de pommes.
En janvier 2009, c'est l'installation de Mickaël sur l'exploitation, et la création de l'EARL.
Deux mois de vente à cueillir sont institués de mi-mai à mi-juillet depuis 2008.
Salariés :
Actuellement, le maraîcher Nicolas a un salarié. Jean-luc et Mickaël emploient quant à eux Florence, confiturière à temps plein, un à deux salarié à temps partiel en saisonnier, et une équipe de cueilleurs saisonniers durant un mois.
Ce qui fait que sur la ferme de 15 hectares, avec l'évolution positive des différents projets, il y a désormais sur l'année 6 salariés en ETP (équivalent temps plein). Beau bilan !
Le réseau actuel de distribution des produits de la ferme (produits transformés, fruits frais, oeufs, céréales) est désormais complètement local : vente à la ferme durant les 2 mois de vente à cueillir, et via 5 AMAP, toutes les biocoop du 49 et autres magasins biologiques ou de producteurs, 2 marchés sur Angers, plus la biocoop de la Flèche et de Tours avec qui Jean-luc avait gardé des contacts privilégiés.
Les productions de petits fruits et courges pour les produits transformés :
Une mare sert en partie à l'irrigation. Les fruits utilisés sont : les cassis, groseilles, framboises, fraises, mûres, tayberry (mûres-framboises), cerises, prunes, pêches, sureau, kiwaïs (kiwis à peau lisse), amélanches... plus de la rhubarbe, des courges, des fleurs (comme l'acacia ou le sureau pour le sirop), des pommes, poires, coings...
Sur le terrain, il est pratiqué une alternance des productions (rangs de cassis, de framboises, de groseilles, etc...) afin de créer des ruptures sanitaires, chaque plante ayant un parasite différent. Entre les rangs, une large bande enherbée est laissée afin d'assurer le développement de la biodiversité (insectes pollinisateurs, et auxiliaires de cultures). Une petite bande de chaque côté des rangs est régulièrement tondue à l'époque de la cueillette.
Avec ces méthodes, Jean-luc rencontre peu de problèmes de parasitisme ou de maladie et n'utilise donc pas de traitements.
Par contre, en 2008, un petit insecte : la Drosophila suzukii (ou drosophile du cerisier), originaire d'Asie, a été malencontreusement introduite en Europe, qu'elle a rapidement colonisée.
Ce nouveau ravageur des fruits à chair tendre (prunes, cerises, fraises, framboises, pêches, mûres, groseilles...) fait beaucoup de dégâts, car contrairement à la Drosophile européenne de souche qui ne s'attaque qu'aux fruits trop mûrs ou déjà pourrissants (c'est cette espèce de petit moucheron que l'on trouve tournoyant autour des composts), la Drosophila suzukii s'attaque aux fruits frais pour y pondre ses oeufs. Les larves se nourrissent des fruits et les abîment, les rendant impropres à la consommation.
Pour lutter contre ces envahisseurs, Jean-luc et Mickaël disposent dans leurs rangs des bouteilles pièges (avec du vinaigre de cidre,du vin rouge et du produit à vaisselle).
Pour lutter contre les maladies cryptogamiques (dues à des champignons), la rotation des cultures est pratiquée : les rangs sont renouvelés régulièrement et changés de place (exemple, les pieds de fraisiers sont arrachés tous les 3 ans, et des pieds achetés sont mis en place), et un engrais vert est semé pendant plusieurs années sur l'ancien emplacement avant de remettre fraises et framboisiers.
Pour les oiseaux gourmands, des cerfs-volants imitant des rapaces tournoient au-dessus des cultures. Mais ce n'est pas efficace pour tous les oiseaux, notamment les merles qui ne s'en laissent pas conter bien longtemps... Alors, comme le dit Jean-luc, on devient philosophe et on partage avec eux !
Tous ces travaux (plantations, entretien, cueillettes, arrachages, semis, remplissage des pièges à insectes...) nécessitent beaucoup de travail manuel ! Peu d'engins sur la ferme : un petit tracteur et une machine pour faire des buttes (culture des fraisiers sur des buttes bâchées).
Le verger de pommiers :
Les pommiers ont été plantés en 1996/1997. La moitié en variétés à jus de pomme, l'autre moitié en variétés anciennes à couteau (grand-mère , clochard , canada grise, canada blanche, pomme-groseille, reinette d'armorique...).
Un apiculteur retraité s'occupe des 5 ruches installées sous les pommiers.
Pour lutter contre le carpocapse (ver de la pomme), les pièges à phéromones sont installés dans les arbres (confusion sexuelle). A l'automne, un nématode microscopique permet de parasiter les larves de carpocapse.
Le poulailler est installé dans le verger : ainsi les poules grattent le sol et le débarrassent des larves (limitant ainsi les futures générations d'insectes adultes qui pondent leurs oeufs dans les fruits), et l'enrichissent de leurs déjections.
L'atelier de transformation :
En pleine période de production, les petits fruits sont récoltés au fur et à mesure de leur mûrissement (chaque jour) et sont stockés surgelés dans les entrepôts frigorifiques SOFRILOIRE au Lion d'Angers.
Une fois par semaine, Jean-luc récupère ses fruits pour les transformer en confitures et autres produits qui vont régaler nos papilles...
Les confitures : 10 kgs de fruits pour 10 kgs de sucre, sont mis à bouillir 10 mn (temps nécessaire à la pasteurisation, pour la destruction des germes pathogènes). Tous les fruits contiennent de la pectine mais celle-ci se dégrade avec le mûrissement des fruits ; on ajoute donc de la pectine naturelle pour la prise de la confiture (issus de pépins de raisins ou de pommes, d'agrumes ; mais également de l'acide citrique, tels que jus de citron ou de groseille – le ph doit être inférieur à 3,5 pour que la pectine réagisse). En bio, la seule pectine autorisée est celle issue des pépins, et il n'y a pas de possibilité de faire des confitures allégées en sucre.
La température dans le chaudron doit s'élever à plus de 80 °C. Les pots sont remplis, puis fermés et déposés à l'envers dans un grand évier, que l'on remplit d'eau froide.
Pour les sirops et gelées :
Utilisation d'une presse (claies alternées avec sacs de toile dans lesquels on enferme les fruits, le tout étant mis sous presse) pour récupérer le jus. Les gelées se font ensuite comme les confitures. Pour les sirops, on détruit la pectine grâce à une enzyme.
Pour les purées et les coulis de fruits :
Utilisation d'une centrifugeuse, qui éjecte la pulpe d'un côté et les pépins de l'autre.
Moitié moins sucrés que les confitures pour les coulis, et sans ajout de sucre pour les purées.
10000 pots de confiture sont ainsi réalisés par an, et 10000 autres produits (vinaigres, gelées, coulis, sirops), sans oublier les 6000 litres de jus de pommes !